Améliorer sa vitesse : la phase d’accélération

Introduction :

Gagner en vitesse et devenir aussi rapide qu’Usain Bolt (> 40km/h), c’est ce dont tout le monde rêve afin de devenir meilleur dans sa discipline. Que ce soit en sport collectif où dorénavant la qualité de vitesse est devenue primordiale dans l’accès au haut-niveau, ou, en sport individuel comme en athlétisme.

En sport collectif, la vitesse se caractérise par des courses linéaires et non linéaires avec, pour le football une moyenne de 70 à 110 accélérations et de 98 à 124 blocages / changements de direction par joueur et par match (Cazorla, 1994).

En athlétisme, le développement de la vitesse est sans contraintes, sauf pour le cas des hurdlers (100/100mhaies et 400mhaies).

Définition :

« Vitesse : faculté de faire parcourir à son corps ou à ses membres la plus grande distance dans un temps donné ou d’effectuer le temps le plus court sur une distance donnée » (Didier Reiss)

Analyse des différentes phases du record du monde de Usain Bolt (Christophe Mathieu)

On peut donc distinguer 3 phases (sans prendre en compte le temps de réaction)

  • Phase d’accélération
  • Phase de vitesse maximale
  • Phase de décélération

Nous allons donc nous intéresser à la première phase, en effet, les distances de sprints courus dans les sports collectifs sont courtes (10-30 mètres). Ils n’atteignent donc pas leur vitesse maximale. L’objectif sera donc d’optimiser la phase d’accélération. Pour un sprinteur en athlétisme, cela correspond à sa première phase de son sprint (au-delà de la technique de mise en action avec starting-block).

L’idée est de vous donnez des éléments/contenus pour vous aider à développer rapidement (6/8 semaines) votre vitesse.

Les différentes méthodes de développement :

Travail en côte :

Selon B.Del Moral :  “ce travail oblige le sportif à trouver les ressources nécessaires pour ne pas subir la contrainte.. Concrètement à pousser plus fort en prolongeant l’extension de chaque appui.”

Avec la mise en jeu de la triple extension (cheville, genou et bassin) on retrouve la phase de poussée qui permet d’acquérir la vitesse.

Les angles de côtes doivent être de 5 à 10°. Sur des distances courtes (20 à 40m).

Musculation :

Nous nous sommes appuyés l’étude de Loturco et al, 2018 : Vertically and horizontally directed muscle power exercises: Relationships with top-level sprint performance

Sur la base des résultats de cette étude d’une durée de 6 semaines, les athlètes pour lesquels l’objectif principal est de développer des qualités de vitesse spécifiquement sur les phases initiales du sprint, peuvent envisager d’utiliser des exercices à direction « horizontale », comme par exemple le hip-thrust plutôt que le Half-squat. Les sports collectifs avec les nombreuses accélérations peuvent s’inspirer de cette étude pour les choix des exercices.

L’infographie ci-dessous valide également le fait que le Hip-Thrust est plus intéressant car il recrute davantage le muscle du grand fessier (= muscle du sprinteur par la flexion de hanche)

Sources : https://www.kinesport.fr/infographies

Sprint avec charge additionnelle :

En se basant sur l’étude de Murphy (2007) qui a élaboré un protocole de charge additionnelle (cf tableau 1), j’avais travaillé dessus avec une équipe de football (U19 Nationaux). Sur des distances courtes de 5 à 20m avec un chariot à 12,6% du poids du corps. Des résultats significatifs étaient perçus sur les tests avec cellule (5,10 et 20 mètres).

Tableau 1 : Protocole de Murphy (2007)

Technique de course :

Élément important qui est trop peu travaillé dans les sports collectifs, en effet, une meilleure technique de course permet (mendiguchia et al, 2021) :

  • De limiter le nombre de blessures
  • De gagner en vitesse
Étude de Mendiguchia sur la technique de course : Évolution pré et post test

Il est donc capital de passer par des exercices de placements, d’attitudes de courses, de travail de pieds … Qui permettront d’être plus efficient sur le long terme. Le protocole proposé dans l’étude de Mendiguchia (2021) est sur 6 semaines, donc accessible !

Spécificité de la discipline :

Être rugbyman, footballeur, basketteur ou athlète ne demande pas les mêmes efforts, on retrouvera beaucoup de changement de direction, contre efforts dans les sports collectifs. De ce fait, faire des sprints linéaires permet-il d’être plus fort dans ces disciplines à contraintes ?

L’étude de Young (2001) s’intéresse sur le développement de l’agilité (capacité à se mouvoir dans des angles spécifiques). Pour cela 3 groupes sont constitués (1 contrôle, 1 entraînement vitesse linéaire et 1 en entraînement avec changement de direction 100° (cf test 5 à 7)). Un Test 1 est réalisé (linéaire et non linéaire) puis 6 semaines d’entraînement spécifique (cf tableau du protocole).

Les résultats du test 2 sont les suivants :

• Le groupe sprint linéaire démontre une amélioration significative sur le 30m en ligne droite + test avec changement de direction à 160°

• Le groupe changement de direction montre une amélioration significative sur les tests avec changement de direction

• Le groupe contrôle ne montre aucune amélioration

Conclusion de l’étude :

Il y a donc une nécessité de combiner l’entraînement avec sprint linéaire et non linéaire en séance, car l’amélioration de la performance est spécifique à la tâche travaillée.

Tests avec sprint linéaires et non linéaires
Protocole de 6 semaines sur la quantification des sprints

Conclusion :

Il existe de multiples méthodes de développement de la capacité d’accélération sur une période courte (6/8 semaines), nous en avons cité quelques-unes parmi celles qui existent. Le plus important avant tout est de respecter la spécificité de la discipline pratiquée, votre entraînement doit être en adéquation avec vos efforts en match/compétition. Aucune utilité pour un sprinteur de pratiquer des sprints avec changements de direction, au contraire, pour un défenseur central au football, il sera judicieux de travailler sur des petites distances en effort/contre effort explosif.

Sources :

https://www.preparationphysiquefootball.com/201707/Le-travail-de-sprint-en-cote.php

https://www.kinesport.fr/infographies

Profil des exigences physiques et physiologiques de la pratique du football. Entrainement, surentrainement, desentrainement. AREAPS. Cazorla G et coll (1994)

The effects of resisted sprint training on acceleration performance and kinematics in soccer, rugby union, and Australian football players (Murphy et al, 2007)

Vertically and horizontally directed muscle power exercises: Relationships with top-level sprint performance (Loturco et al, 2018)

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